Le point après 10 bières dégustées
Le projet Zythologie.net a démarré en janvier 2013. Au compteur, nous avons jusque maintenant publié 10 notes de dégustations.
Un « chiffre magique », un moment idéal pour faire le point sur nos découvertes, aller porter les vidanges à la bulle à verre et partager avec vous l’évolution de nos goûts personnels en matière de bière.
1. Comment déguster une bière ?
Nous sommes extérieurs au monde brassicole. Notre dégustateur attentif découvre les bières avec un palet « formaté vin » (plus d’info ici).
Première révélation : déguster un vin ou un bière, ce n’est pas tout à fait la même chose.
Simplement par le fait que, contrairement au vin, il est impossible de cracher la bière en dégustation.
A la limite certaines bières très peu effervescentes, mais la texture jouant un rôle fondamental dans l’appréciation globale d’une bière (son côté plus ou moins « riche » et chargé en céréales), on ne peut cerner ce paramètre qu’en avalant le liquide.
Hormis cette différence majeure entre oenophilie et zythologie, l’exercice reste assez proche et présente la même difficulté majeure : verbaliser un ressenti.
Pour déguster « avec sagesse », nous nous limitons à 1 ou 2 bières par semaine que nous savourons dans les conditions suivantes :
Conditions de dégustation
- - un environnement neutre : seul, dans un local aussi « clinique » que possible (bonne luminosité, aucune odeur parasite ou élément de distraction)
- - en état d’appétence : avant le repas de midi généralement, pour avoir les papilles en éveil maximum
- - des bières pas trop froides : servies à température de cave (jamais sorties du frigo) afin de révéler un maximum d’arômes au nez et en bouche
- - des verres neutres : verre à vin type INAO (déformation professionnelle) ou flûte selon l’humeur
(verre de travail du brasseur – Brasserie La Rulles – Mars 2013)
Les impressions olfactives et gustatives sont notées « brutes » sur papier (pas fiche de dégustation standard, c’est l’impulsion qui compte) et mises ensuite au net dans notre carnet de notes informatique.
En parallèle, nous tenons un tableau récapitulatif de nos notations dans lequel les bières sont listées par ordre décroissant de notre appréciation RateBeer.
Cet outil précieux nous permet de noter chaque bière au plus près des émotions qu’elle nous procure tout en la comparant au « palmarès » actuel.
Les scores (score général et par type de bière) et notes moyennes pondérées des bières sur RateBeer ne nous influencent pas. Nous ne lisons d’ailleurs ces informations ainsi que les notes d’autres utilisateurs qu’après avoir posté notre propre avis.
2. La palette aromatique de la bière
Le référentiel commun entre vin et bière :
- Amertume : élément ultra perceptible, c’est un des points de repères essentiels (on parle des tanins du vin, simplement de l’amertume plus ou moins marquée de la bière)
- Acidité : autre levier majeur qui confère un côté plus ou moins désaltérant au vin ou à la bière
- Alcool : présent en quantité plus ou moins importante et surtout plus ou moins bien équilibré (la signature d’un bon vigneron comme d’un bon brasseur)
- Sucrosité : présence de sucres résiduels (non fermentés) dans les vins moelleux/liquoreux; adjonction de cassonade, miel, fruits… pour arrondir certaines bières.
Les paramètres spécifiques en bièrologie – zythologie :
Arômes caractéristiques de la bière :
- liés aux céréales (arômes maltés, de foin…),
- liés aux houblons (notes d’agrumes, florales, herbacées…),
- liés aux levures (pain, champignons…)
Importance de la texture :
Comme abordé plus haut, la densité du liquide est un élément important dans l’appréciation d’une bière. Sommes-nous face à une bière « de soif » ou une bière « qui se mange » ?
Les nuances de densités sont nettement moins marquées en dégustation de vin. La trame tannique des vins rouges varie (du très souple au plus « corsé ») et on perçoit un côté plus ou moins « onctueux » dans les vins blancs et rosés; mais on reste dans des « standards gustatifs » assez proches là où les bières peuvent faire le grand écart (entre une pils et une Rochefort 10°, il y a un monde).
L’effervescence plus ou moins importante de la bière aura aussi une influence sur cette impression de texture.
3. L’évolution de nos goûts personnels
- Houblon : Le houblon « qui claque » c’est très amusant, mais ça devient vite lassant… Nous avons beaucoup aimé le style ultra-houblonné, ça a été une révélation, une ouverture à de nouvelles sensations. Nous avons maintenant de plus en plus souvent cette impression de « Yet Another IPA ». Il faut varier les plaisirs, ne pas s’enfermer dans ce style de bières sous peine d’écoeurement.
- Acidité : Déjà acquis à la cause des véritables gueuzes, nous découvrons les rouges de Flandres avec délice. Complexes, racées, tout en présentant beaucoup de légèreté. L’univers de ces bières nous parle aussi beaucoup (élevages en barriques et foudres, assemblages, importance du millésime…).
- Equilibre : Une notion que nous commençons à cerner. Equilibre entre la matière et le taux d’alcool, amertume bien dosée et non « caricaturale », épices pas outrancières…
(Olivier de Brauwere du Beer Project en dégustation chez Bier Anders – mars 2013)
4. Le podium actuel – sur base de notre tableau récapitulatif
Un peu gadget, ce top 3 hyper relatif (vu la taille de l’échantillon de bières dégustées par rapport à l’infinité de bières existantes) et subjectif sera malgré tout un bon fil conducteur, témoin de l’évolution de nos goûts personnels.
#1 Stille Nacht – De Dolle Brouwers : la texture de cette bière est remarquable. C’est en la dégustant que nous avons compris la notion d’équilibre dans la bière. Stille Nacht affiche allègrement 12% de volume, une puissance bien contenue et superbement balancée par de la richesse, de l’amertume et un côté gourmand sans excès.
#2 Cuvées des Jacobins – Brouwerij Bockor : subtilité et complexité. Une excellente bière rouge, un véritable festival d’arômes.
#3 Vuur & Vlam – Brouwerij De Molen : Yet Another IPA mais pas « too much ». Voilà de quoi nous empêcher de tourner le dos aux bières houblonnées à souhaits.
5. Prochainement sur zythologie.net
- Une série de bières italiennes : nous nous approvisionnons largement chez Mi-Orge Mi-Houblon. Lors de notre première visite, nous avons eu un électro-choc en apprenant de Christophe (qui aime bousculer les certitudes et élargir les horizons) que « l’avant-garde de la bière se trouvait en Italie ». Nous avons donc hâte de déguster les 12 bières qu’il nous a sélectionnées.
- A la découverte des Stouts : la thématique suivante après l’Italie. La dégustation de la brune de La Rulles (auto-proclamée Stout Gaumais) lors de notre reportage à la Brasserie nous a donné l’envie de creuser ce style aux multiples facettes.
- Bières belges : on ne va certainement pas les délaisser, d’autant que nous aurons bientôt à portée de main « the perfect line-up » mitonné par nos amis de Beergusto. Avec les 100 bières qu’ils ont sélectionnées, nous aurons encore de nombreuses notes de dégustations à partager…
- Reportages photo à venir : Brasserie de La Lesse, Bier Anders, Brasserie La Rulles, Novabirra, Brasserie de Bastogne …
A bientôt !
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Très intéressante comparaison avec les dégustations de vin, auxquelles je n’ai encore jamais participé.
J’espère que la sélection Beergusto vous plaira, bien que je dirais qu’au moins 75 des 100 bières sélectionnées ne sont pas de grandes découvertes pour les amateurs avertis que nous sommes.
Merci Michaël. Et pour les 75% de valeurs sûres de Beergusto : réviser ses classiques, c’est aussi important.